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Mélanie Clément-Fontaine à propos de la traduction de la GNU GPL
Mélanie Clément-Fontaine est doctorante en droit de la
propriété intellectuelle et employée de la société
Alcôve. Elle est l'auteur d'une étude juridique de la licence
Publique Générale GNU et participe à des
conférences au sujet du droit et du Logiciel Libre (Colloque
INT Logiciels et Contenus Libres, Libre
Software Meeting, Libre et vie locale ...).
Comment a été lancé le projet de produire une version
française de la GNU GPL ?
À la suite de mon intervention au Libre Software Meeting
de Bordeaux en Juillet 2000, j'ai eu une discussion avec Richard M.
Stallman sur la nécessité d'adapter la licence GNU GPL au droit
français. L'argumentation a continué ensuite par mail pour aboutir
au début de l'année 2001 à une demande de sa part. Il souhaitait
que je me charge de l'adaptation au droit français et j'ai accepté.
Comment concrètement avez vous procédé ?
J'ai tout d'abord demandé à Frédéric Couchet s'il m'était
possible d'obtenir de l'aide sur la traduction technique. Il
m'a dirigé vers Benjamin Drieu. Nous avons commencé à travailler
ensemble sur la base des traductions existantes.
La complexité du travail m'a surprise. Et ce qui me gène
le plus est d'être la seule juriste française à réfléchir sur
le sujet. Mon effort actuel représente en tout quelques jours
de travail.
Il n'est pas possible de se contenter d'une traduction
mot à mot et Richard M. Stallman a été explicite sur ce point.
Il y a des passages dont la signification me gênait et si on
les changeait cela était assez important pour que nous ne
puissions pas faire la modification seuls. Nous avons préparé
des corrections que nous devons soumettre à Richard M. Stallman
et Eben Moglen.
Il est aussi nécessaire que nous ayons une visibilité sur
la version 3 de la GNU GPL afin d'éviter de perdre tout ou partie
de notre travail d'adaptation.
Où en êtes vous du processus de traduction ?
Nous avons actuellement une version correcte en langage
commun, compilée à partir des traductions existantes. Cette
étape est accomplie. Nous avons aussi identifié les formules
ayant un caractère juridique et il faut travailler sur chacune
d'entre elle pour y apporter les corrections propres au langage
juridique.
J'ai conservé tous nos documents de travail dont certains
sont sur papier.
La GNU GPL s'est fondée sur la convention de Berne ?
Oui, mais elle ne lie que les états et non les
individus. Elle ne peut pas être invoquée par les
individus. Elle établit quelques règles qui organisent la
réciprocité : une oeuvre protégée par un état sera aussi
protégée par la législation des autres états. Ensuite l'état
édicte les règles qui lient les citoyens. Si l'état n'édicte
pas ces règles, il est coupable vis à vis des autres
états. Les États-Unis et la France sont signataires. Mais chaque
état peut établir des réserves. Par exemple les États-Unis ont
émis une réserve sur l'article 6 bis qui touche au droit
moral. L'étape de transcription sous forme de règles propres à
chaque état laisse place à des interprétations qui rendent
l'homogénéité de l'ensemble assez aléatoire.
La convention de Berne (1886 et modifiée de nombreuses
fois) est très courte et le droit français y correspond. Je
ne me suis pas posé de questions relatives à la convention de
Berne lors de mon travail préliminaire à la traduction de la
GNU GPL. Il s'agit de l'adapter au droit français et non à la
convention de Berne à laquelle il est déjà fidèle.
Comment la version française s'appliquera dans les pays
de langue étrangère ? En Allemagne par exemple ?
C'est délicat. En Europe cela sera facilité grâce à
l'harmonisation à venir. C'est pour cela qu'il est plus
simple de dire dans la licence quelle est la juridiction
applicable. Sinon il sera toujours problématique de déterminer
quelle est la juridiction et la loi compétentes. Qui est le
consommateur ? Il y a des textes qui protègent le consommateur
et qui sont souvent appliqués, il faut les prendre en compte.
Richard M. Stallman n'est pas favorable à l'idée de
préciser la loi et la juridiction compétentes dans la GNU GPL.
La GNU GPL en français sera compatible avec la GNU GPL
en anglais ?
Bien sûr, c'est l'objet de ce travail.
Comment pensez-vous que la FSF Europe peut aider ?
Nous avons besoin d'être en contact avec d'autres
juristes. Pour les relectures, l'étude de chaque point de
vocabulaire. La FSF Europe peut nous aider à organiser les réunions de
travail et nous mettre en contact.
Je pense que l'organisation du travail serait efficace
sous la forme de réunions de travail regroupant les personnes
ayant des compétences juridiques pour tenter d'éclaircir un
point précis. Je peux proposer le premier ordre du jour et ensuite
chaque réunion déterminera l'ordre du jour la réunion suivante.
Loïc Dachary
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