LSM: Glasnost, Logiciel Libre pour la démocratie électronique
Prise de notes sur la conférence 12 Juillet 2002 aux LSM par Emmanuel Raviart.
Le vote électronique implique un haut niveau de sécurité et de cryptage. Le cryptage est résolu, c'est un problème maîtrisable. L'anonymat et la confiance: il faut s'assurer que, quelque soit le mode de scrutin, on reste anonyme. Mais il faut aussi que l'on puisse retrouver le bulletin lors du dépouillement. Lorsque l'informatique s'en mêle, c'est bien beau de dire qu'il est dans l'urne virtuelle mais comment vérifier. Il faut donc que le système propose de montrer que le bulletin est encore la après le dépouillement, sans compromettre l'anonymat.
Comment s'assurer que le bulletin n'a pas été dupliqué ? Comment s'assurer que deux bulletin n'ont pas été fusionné ? Tout cela est très compliqué et les normes n'existent pas. L'OASIS (DocBook) a commencé une normalisation. Première réunion cette année mais c'est très récent.
Il y a une solution propriétaire qui "résoud tout". Par exemple election.com qui est un partenariat avec Accenture. Ils proposent d'héberger des élections. Il n'y a aucune information sur leur protocole.
- accurate
- fast
- reliable
- transparent
- secure
- affordable
Il faut les croire sur parole. Ces solutions ont été refusées par la CNIL. Dans un cas c'est l'hébergement aux US qui a posé problème. Dans un autre cas le vote se faisait par Internet ce qui ne permet pas de savoir si la personne vote bien et non son conjoint. Dans un autre cas l'anonymat n'était pas garantit, il fallait séparation entre la phase d'identification et la phase de vote. Après identification un jeton anonyme est donné qui permet de voter. Il ne faut donc pas pouvoir interroger le serveur qui donne les jetons.
La CNIL a tout de même donné un avis favorable mais mitigé sur les solutions de vote sur place (e-poll). En France les élections sont très contrôlées. Contrairement aux états unis ou il est possible de voter par téléphone ou sms. Mais le problème lors des élections de Mr Bush ont relancé le débat. Chaque semaine des systèmes de votes électronique sont remis en question.
GnuFree est un projet Logiciel Libre, écrit en Java. Il ne peut y avoir d'identification sérieuse avec un simple browser web. Il faut qu'une partie de l'application tourne sur le poste client. C'est un projet qui commence à marcher. Ils se demande récemment si le vote électronique est une solution, suite à sa participation à la standardisation.
En conclusion le vote électronique n'est pas pour aujourd'hui. C'est trop tôt. Cela va prendre des années.
Lors du 3eme forum mondial de l'e-democracy avec un panel prestigieux (CEO et Elus) qui expliquait que le vote était sur car utilisant des clés SSL 128 que peuvent décrypter les états.
L'informatique apporte d'autre systèmes de vote, non institutionels. Je vais vous montrer comment l'informatique permet de voter dans des cas ou on ne votait pas auparavant.
Les types de scrutin:
- Scrutin uninominal à deux tours (d'un point de vue mathématique ce n'est pas une bonne méthode)
- Scrutin un seul tour proportionel
- ils sont tous assez compliqués et varient de pays en pays
La méthode optimum est celle qui désigne le candidat le plus consensuel. Condorcet avait dit que le vainqueur devrait être celui qui bat chaque autre candidat en duel. Or le scrutin uninominal a deux tour ne respecte pas ce principe.
Par exemple élections présidentielles françaises de 88. des trois candidats Chirac, Mitterand et Barre, le candidat le plus consensuel était Barre. Au dernières élections les deux candidats du second tour dont en majorité les gens ne voulaient pas.
La méthode condorcet respecte le critère condorcet. Chaque votant classe les candidats par ordre de préférence. Lors du dépouillement, chaque candidat est comparé à chacun des autres. Si un candidat A arrive plus souvent devant un candidat B que le contraire il gagne son duel. Le vainqueur selon la méthode condorcet est celui qui gagne tout ces duels. S'il n'existe pas de vainqueur par la méthode condorcet (aucun candidat ne gagne tout ses duels) il existe plusieurs méthodes plus ou moins arbitraire pour trancher. On peut par exemple garder celui qui a perdu avec le moins d'écart.
Lors des dernières élections présidentielles aux US. Les gens auraient typiquement fait "Bush, Nader, Gore" ou "Gore, Nader, Bush" d'ou il serait ressortit que Nader était le candidat le plus consensuel. En france le scrutin encourage le bipartisme, il empêche typiquement la création d'un parti centriste. Si on basculait sur la méthode condorcet cela boulverserait le monde politique. Ce n'est pas ce que je propose (rires).
Présentation d'un exemple de vote dans une entreprise. Le sujet était d'adhérer à une coopérative d'entreprises multimédia. Trois candidats : Oui, Non, Refus du vote. (graphique présentant les résultats et commentaires).
Christian Bac: quelles sont vos expériences ?
Emmanuel Raviart: sur 30 élections, un seul cas n'a pas présenté de gagnant et nous avons du trancher arbitrairement.
Les autres types de scrutin:
- Vote par assentiment. On choisit autant de candidat qu'on veut, on peut mettre plusieurs bulletin dans l'urne et cela donne un résultat qui est très proche du vote condorcet. Il est plus simple que le vote condorcet.
- Méthode de Régnier. Vote selon un code couleur, plusieurs élections en parallèle, tris des votes par couleurs, les couleurs différentes des autres peuvent indiquer une information. C'est pour la prise de décision en travail de groupe. Les salariés décident du packaging d'un produit et les salariés décident. On soumet les salariés un jeu de question. Ils donnent une note à chaque question (couleur du vert au rouge). Les bulletins de vote sont triés par couleur et par candidat. Il s'agit d'une sorte de processus d'aide à la décision.
Easter-Eggs est une société de service en Logiciel Libre détenue par les salariés. Pour que les salariés soient propriétaires de l'entreprise, l'association des salariés de l'entreprise a racheté l'entreprise et chaque employé est membre de l'association. Il ne fallait pas que les fondateurs aient plus de droits que les salariés nouvellement arrivés. C'est un mécanisme qui évite le mécanisme de capital. L'appartenance à l'association est conditionné à l'appartenance à l'entreprise.
Easter-Eggs n'a pas besoin de capital, les seuls couts sont les salaires. Il y a une hiérarchie mais il y a une nécessité d'informer et de prendre des décisions collectives. La première année c'est facile mais quand on grossit c'est compliqué car il faut être présent aux réunions, on peut être distrait ou en télé-travail. C'est pour cela que nous avons développé Glasnost (information/décision).
Depuis ma présentation de l'année dernière, fin 2001 theridion.com, en ce moment codelutin.com et bientôt genetux.com se sont crées sur le même principe. Comment partager avec eux ? Nous n'avons pas de capitaux à mettre, comment s'entraider ? Nous avons décidé de partager toute l'information dont nous disposons avec les autres entreprises (comptabilité, base commerciale etc.) à l'unique condition qu'il fasse exactement la même chose avec nous.
On utilise les même outils techniques et l'échange marche. Nous nous comportons comme une multi-nationale avec une structure différente. Avec ces entreprises soeur, le mécanisme de prise de décision est devenu encore plus complexe.
On a développé une idée de vote permanent. Je voudrais prendre une décision (participer au réseau étoile). On a décidé mais les choses évolues et on peut changer d'avis. Si on fait un vote unique cela ne correspond pas, on a pris une décision qui ne peut plus basculer. Le vote permanent s'étale sur une pèriode. Le vote peut être changé à tout moment. C'est comme une succession de vote suivit d'un sondage.
Exemple sur l'égalité des salaires à l'intérieur de Easter-Eggs.
Vote public ou vote secret ? Pour le respect de la vie privée c'est essentiel. Le vote public a des avantages dans une entreprise ou dans un groupe. Cela permet de se connaitre. Certain ne parlent pas ou sont absent. Le fait de connaitre le vote des gens est important parce que c'est un moyen d'expression. Comment trancher entre les deux ? On a décidé de choisir l'un ou l'autre. On a proposé que certains puissent choisir de garder leur vote anonyme.
Exemple qui ne marche pas. On a eu un débat sur le mode de scrutin et nous avons eu un vote pour trancher.
- Bulletins publics ou privés au choix du votant pour toutes les élections
- Nature des bulletins choisie au cas par cas.
- etc.
Dans ce cas une seule personne a choisit de rester anonyme ... donc il n'était pas anonyme. Mais ce n'est pas très grave car il n'y a pas d'enjeux.
Dans un autre exemple il s'agissait d'élire quelque (...). Deux candidats et pratiquement tout le monde a voté en anonyme car il y avait un enjeux. Cela a marché.
Le vote public entraine la nécessité de motiver son vote, donc des commentaires associés au vote. Un commentaire peut être associé à un vote anonyme ... mais c'est un risque de ne plus être anonyme ;-)
C'est le jeton qui permet de retrouver le vote et d'être anonyme. Faire un vote normal anonyme c'est facile tant qu'il ne s'agit pas de vote permanent.
Dans un vote on réfléchit au moment de voter, d'après mon expérience. On essaye d'en discuter avant mais c'est à la dernière minute qu'on y pense vraiment. On peut se rendre compte à postériori qu'il faut permettre au gens de voter et changer leur vote. Il est nécessaire que la période de scrutin soit assez longue.
La plupart des élections sont en vote permanent. On connait le résultat actuel et on developpe une stratégie de vote. Quand on faisait l'élection du gérant, le dépouillement avait lieu après le scrutin. Mais l'usage du vote permanent a rendu ce processus frustrant. On préfère voter en sachant ce qui se passe. C'est contraire a la logique car la théorie dit qu'il ne faut pas faire de stratégies de vote.
Par exemple, je fais une démo de Glasnot à un élu vert. Ils ont fait remarquer que le développement de stratégies de vote évite des situations absurdes auquels ils ont été confrontés.
Certaines décisions se concernent des problèmes spécialisés (décisions commerciales, l'avis des commerciaux doit être prépondérant sauf si cette décision concerne tout le monde). Il y a une nécessité de pondérer le "poids" des électeurs en fonction des domaines.
Une première solution est le vote par pondération. La compétence de chacun donne un poid proportionel dans le vote. Chaque personne a une note dans différents domaines. Cela ne marche pas : car la plupart des personnes ont une mauvaise note, voter avec une pondération proche de zéro, c'est démotivant. On se retrouve avec une élite qui regroupe tout le pouvoir de vote et cela démotive totalement les autres.
Une autre solution est le vote par délégation (pas encore implémenté dans Glasnost). Chaque électeur peut déléguer son vote à un ou plusieurs personnes dans un domaine. Possibilité de reprendre sa délégation à tout moment.
Les avantages de l'e-vote.
- Décision rapide (une élection peut-être terminée en deux jours)
- Subsidiarité (Ex: Reversement de 2% du CA au libre et à l'économie solidaire)
- Voter c'est réfléchir
Voter ne suffit pas. Il faut aussi connaitre l'information et pouvoir en débattre. Glasnost permet aussi d'écrire des articles web avec une syntaxe très simple, d'écrire des brèves, de gérer les droits d'écriture et de lecture, de susciter et gérer des débats, de suivre les finances et la comptabilité de l'entreprise.
(fin avec démonstration de Glasnost)
Loïc Dachary