Être administrateur système à la FSF France

18 mars 2011, pour diffusion immédiate.

La FSF France [1] propose une plateforme d'hébergement pour soutenir des projets en rapport avec le logiciel libre, grâce au soutien de SFR [2]. Ce service repose sur la récupération de machines qu'il faut installer et faire fonctionner.

C'est au hasard d'une discussion sur le web que Maxence Dunnewind [3], Rennais, découvre que la FSF France cherche quelqu'un pour s'occuper de machines qui vont être localisées à Rennes. Il est alors en stage de fin d'étude d'une école d'ingénieur, qui l'a formé à la programmation et au développement de logiciel, et cherche à approfondir l'administration système qui l'intéresse et lui plaît. Les différents emplois occupés depuis 2009 dans le domaine du logiciel libre n'ont pas remis en cause sa participation et son rôle au sein de l'association.

Un administrateur système en quelques mots ?

L'administrateur système est derrière tout ce qu'on voit sur internet. L'automatisation demande tout de même de la main-d'oeuvre : les systèmes doivent être installés et administrés. Un serveur mail ou un site web qui compte plusieurs milliers d'utilisateurs est une chose très différente du logiciel installé sur une machine personnelle utilisée par quelques personnes. Les capacités requises pour un bon fonctionnement doivent être sous contrôle et les pannes évitées. Lorsqu'un problème survient, c'est beaucoup de personnes mécontentes et des dommages importants.

Un monsieur SOS en somme ?

On dit souvent d'un administrateur système que tant que tout va bien, on ne le connaît pas et on ne sait même pas qu'il existe, mais dès que ça ne marche pas, on sait très bien que c'est sur lui qu'il faut taper. Il paraît que c'est un travail assez ingrat. Cela dit, en tant que bénévole, je ne suis tenu à aucune astreinte légale. Mais lorsque je décèle une défaillance en début de soirée, il est évident que je ne vais pas tranquillement me coucher et constater le lendemain combien d'utilisateurs ont été impactés.

Quel type de gros problème par exemple ?

Le cas extrême est la coupure de courant avec les serveurs qui tombent d'un coup et les composants électroniques qui n'ont pas le temps de s'arrêter correctement. Dans le cadre de la FSF France, la panne de matériel est le problème le plus classique car les machines sont récupérées et donc déjà anciennes. Le souci le plus fréquent est le disque dur qui lâche. Cela signifie faire en sorte de ne pas perdre les données du disque, pouvoir déplacer assez tôt les services qui sont sur le disque et finalement opérer un remplacement le plus vite possible. C'est moins le cas maintenant, mais pendant 2, 3 mois, on a rencontré un problème de ce type toutes les 2 semaines.

Votre rôle à la FSF France plus précisément ?

En plus de ces problèmes qui peuvent toujours survenir, il y a le maintien de l'architecture actuelle et son évolution [4]. Par exemple, la mise en place d'une machine de sauvegarde pour la forge Gna! [5] ou le renforcement des capacités de Freenode qui compte des milliers d'utilisateurs connectés en permanence [6]. Un autre aspect s'inscrit dans le cadre de l'hébergement de projets : accueillir les nouveaux et aider ceux qui sont déjà là, parce qu'ils ont fait une fausse manipulation et ne savent pas s'en sortir ou veulent mettre en place quelque chose de nouveau. L'administration de la communauté Ubuntu [7] me prend le plus de temps : suivre le forum, le wiki, la documentation, faire tourner les services mail pour des milliers d'utilisateurs par jour.

Combien de temps votre contribution vous prend-elle ?

Environ 3 à 6 heures par jour. Beaucoup de mes soirées donc. Mais j'ai aussi la chance d'avoir eu des emplois qui me le permettait. Mes employeurs partageaient la philosophie du libre. Ils voyaient dans la possibilité de laisser leurs employés travailler sur leur projet personnel une forme de soutien au logiciel libre, à défaut de pouvoir y contribuer autrement. Il s'agissait évidemment de sociétés qui développaient du logiciel libre. C'était un commun accord, dès lors bien sûr que le travail attendu dans le cadre de la société était fait. Le laboratoire public pour lequel je travaille aujourd'hui le tolère également.

Ce que vous aimez le plus ?

Pouvoir participer à un projet que je serais bien incapable de concevoir, mais que par ce biais je contribue à asseoir et développer. Peu importe de ne pas être cité et que l'administrateur système reste dans l'ombre. C'est pouvoir participer à hauteur de ses moyens à la construction d'un savoir et de compétences qui est à mes yeux important.

Ce que vous aimez le moins ?

L'avantage du bénévolat et de l'environnement du logiciel libre c'est que chacun peut choisir ce qu'il aime. Donc ce à quoi je contribue, c'est parce que j'ai envie de le faire. Mais avoir plus de temps ou moins de disques durs qui tombent en panne serait idéal.

L'apport de la FSF France ?

Il y a une marge entre bidouiller tout seul dans son coin et gérer 20 à 25 machines pour héberger une centaine de projets. Mon expérience à la FSF France m'a permis de bénéficier de l'aide de professionnels, de faire proprement les choses, de ne pas m'emporter ou croire que tout marcherait tout de suite d'un coup. Une expérience indispensable à quelqu'un qui commençait dans la vie professionnelle. J'ai également pu approfondir la philosophie du libre, les aspects légaux et eu des opportunités de contacts.

Le libre pour vous ?

Le logiciel libre repose sur le partage de compétences : chacun apporte sa brique en fonction de ce qu'il peut ou veut faire. Contrairement à certaines sociétés dans lesquelles les employés sont embauchés pour une tâche précise qu'ils doivent remplir, même si elle n'est pas adéquate à leur envie ou leur potentiel. La philosophie du libre donne la possibilité d'une évolution, d'une adaptation de ses compétences et de ses choix.

L'état du logiciel libre aujourd'hui ?

D'un point de vue commercial, les sociétés sont de plus en plus poussées à se mettre en conformité sur le plan légal, ce qu'elles ne faisaient pas avant. Les business models fondés sur le libre sont aussi de plus en plus distribués. Dans le grand public, on voit des personnes sans compétences particulières se mettre à GNU/Linux pour voir comment ça marche. La philosophie du libre commence aussi à évoluer en dehors du logiciel, dans des domaines comme la musique, la peinture, les recettes de cuisine. Le bienfait du partage, pierre angulaire du logiciel libre, semble donc se répandre, même si du chemin reste à faire. [8]

Références

[1] - fsffrance.org.

[2] - Voir l'article : SFR offre un contrat d'hébergement gratuit à la FSF France.

[3] - dunnewind.net.

[4] - Voir aussi l'article : Un don de machines de l'IRISA à la FSF.

[5] - Voir l'article : Administrer Savannah et Gna! : un retour sur expérience.

[6] - Freenode est un réseau de messagerie instantanée basée sur un protocole du libre qui privilégie la discussion à plusieurs. La thématique de discussion de ce réseau est le logiciel libre. Site officiel : freenode.net.

[7] - Ubuntu est un système d'exploitation libre. Ubuntu-fr.org est le site francophone dédié à la distribution Ubuntu. Son objectif est de rassembler des informations et de la documentation afin d'offrir aux utilisateurs la possibilité d'apprendre et de partager leur expérience. Site officiel : ubuntu-fr.org.

[8] - A partir d'un entretien réalisé avec Maxence Dunnewind, le 15 mars 2011.

À propos de la Free Software Foundation

La Fondation pour le Logiciel Libre, fondée en 1985, est dédiée à la promotion des droits des utilisateurs d'ordinateurs à utiliser, copier, modifier et redistribuer les programmes informatiques. La FSF encourage le développement et l'emploi de logiciels libres, particulièrement du système d'exploitation GNU et de ses variantes et de la documentation libre pour le logiciel libre. La FSF renforce également la sensibilisation autour des problèmes éthiques et politiques de la liberté dans l'usage des logiciels. Son site Internet, http://www.fsf.org/, est une importante source d'information sur GNU/Linux. Des contributions pour soutenir son travail peuvent être faites à http://fsf.org/join. Son siège est à Boston, MA, USA.

Contacts Presse

Loïc Dachary. courriel : loic@gnu.org Tél : 09 51 18 43 38

Frédéric Couchet. courriel : fcouchet@fsffrance.org Tél : 06 60 68 89 31