[ Français ]

Le 13ième bit frappe en Belgique

Le 11 juillet 2003. La question du Logiciel Libre et du vote électronique revient cycliquement. La FSF France est d'avis que le vote électronique ne doit pas être utilisé car il présente trop de risques. Cette opinion a été raffinée et argumentée par divers contributeurs au fil des mois sur une page dédiée à ce sujet. Parmi les risques les plus évidents, la FSF France insiste sur le fait qu'un système de vote électronique basé sur des logiciels non libres ne répond pas, par définition, aux nécessaires critères de transparence et d'indépendance du processus démocratique.

Mais l'utilisation d'un Logiciel Libre dans un système de vote électronique n'écarte pas les autres problèmes pour autant. D'une part un logiciel sans bug relève encore aujourd'hui de l'utopie. Lorsque l'impact d'un bug peut signifier un vote en moins ou en plus, les conséquences sont autrement plus importantes que le redémarrage d'une machine. D'autre part, la complexité des éléments matériels entrant en jeu défie la compétence de l'observateur le plus soigneux.

Un Collège d'experts chargé du contrôle des systèmes de vote et de dépouillement automatisés a rendu le 2 juin 2003 un rapport qui plaide remarquablement en défaveur de tout système de vote électronique. La Belgique a la mauvaise fortune d'avoir utilisé des systèmes de vote électronique lors de l'élection du 18 mai 2003. À cette occasion il a été constaté une erreur de 4096 voix et des experts ont été chargés de d'expliquer les raisons de cette erreur de comptage.

Le rapport que nous avons pu nous procurer, rédigé par 11 experts, explique que "Étant donné qu'aucune erreur n'a été trouvée dans le logiciel, et vu la structure interne du programme, le collège conclut que l'erreur a très probablement été occasionnée par une inversion spontanée et aléatoire d'une position binaire (ce phénomène est abondament décrit dans la littérature spécialisée)". Une version HTML a été également divulguée le 6 juillet 2003 par l'initiative Belge Pour une Ethique du Vote Automatisé.

Au dela de l'hilarité que provoque ce rapport, il établit deux points fondamentaux :

Il parait inévitable de conclure que le comptage des voix par un système de vote électronique est partiellement aléatoire. À moins de remettre en cause la compétence des experts, comment justifier l'utilisation d'un système de vote électronique ?

L'incident de Schaerbeek (le petit nom de cette erreur de comptage) est aussi porteur d'enseignements sur le Logiciel Libre. On constate qu'un logiciel propriétaire dont on peut lire les sources et qui est utilisé par toute une population doit se contenter de quelque personnes payées par le contribuable pour analyser ses bugs. Au regard de l'activité de correction et d'amélioration permanente nécessaire à asseoir la réputation de fiabilité de programmes Logiciels Libres de bien moindre importance, le travail des onze experts fait figure d'acte symbolique.

Cela confirme l'hypocrisie d'un discours tendant à faire croire que la divulgation des sources d'un logiciel propriétaire lui donne automatiquement les mêmes propriétés qu'un Logiciel Libre. Les propriétés du Logiciel Libre proviennent des dispositions légales qui lui sont propres et qui octroient à tous les libertés d'utilisation, d'étude, de modification et de distribution. Ces libertés permettent au Logiciel Libre de s'exprimer sur la base des sources. Prétendre que la simple visibilité des sources est générateur de la moindre liberté ou de la moindre indépendance est un mensonge.


Quelques petites remarques concernant ce fameux logiciel.

Ceci soulève une série de question...

David GLAUDE

Updated: $Date: 2003-07-22 17:43:19 +0200 (Tue, 22 Jul 2003) $ $Author: mad $